Un moment clé
Au delà de l’horreur, ces élections législatives du 30 juin et du 7 juillet 2024 vont être des législatives historiques et tout démocrate devrait au fond de lui-même s’en réjouir. Elles sont une bonne nouvelle. Elles seront dans le futur le moment Pétain de notre temps, le moment où chacun, chacune aura été placé devant ses responsabilités politiques en tant que citoyen, citoyenne, électeur, électrice, acteur, actrice de sa destinée et de la destinée du commun.
Alors que le but de la manœuvre macronienne était de mettre en scène l’arc-républicain, c’est à dire la coalition des différentes factions de la république bourgeoise, elle offre pour la première fois l’opportunité de dessiner les contours de la seule république qui vaille, la République de la Démocratie Sociale, celle-là même inscrite dans le préambule de notre constitution. Celle dont nous venons de fêter le 80e anniversaire sur les plages de Normandie, celle du Conseil National de la Résistance.
Dans moins d’un mois, et presque 84 ans jour pour jour après que la république bourgeoise ait donné les pleins pouvoirs au salopard Pétain, ouvrant la voie au régime dictatorial raciste et nationaliste de collaboration avec le Nazisme, nous saurons enfin qui est qui, et qui préfère quoi.
Le piège de la 5e république
Comme l’avait très bien pressenti Pierre-Mendès France au début des années 60 dans cet ouvrage essentiel « Pour une République Moderne », toute institution comme la 5e république née d’un coup d’état et taillées pour un seul homme – aussi remarquable qu’il fut – nous destine à finir dans la dictature d’un seul, gouvernant dans l’intérêt de quelques uns. Parce qu’il ne peut y avoir de république que démocratique, et sociale, et parce que les trois termes de ce triptyque sont simplement indissociables. République Démocratique et Sociale.
Plébiscitaire, la 5e république brutalise le parlement, et de ce côté là, tant le lepénisme que le macronisme partagent le même fond totalitaire et une fascination pour le référendum chez les uns, le 49.3 pour les autres.
Comment croire qu’un référendum puisse être un instrument démocratique quand les médias sont la propriété de quelques bourgeois multi-milliardaires bien décidés à mettre ces médias au service de la protection de leurs propres intérêts quand ce n’est pas au service de leur idéologie suprémaciste? Comment croire que le 49.3 est un instrument démocratique quand il brutalise le temps long des débats nécessaires à l’élaboration des lois et à l’expression de l’intérêt général?
L’agonie totalitaire de la 5e république
Le lepénisme, tout comme le mirage centriste qu’a représenté le macronisme sont les deux faces d’une même monnaie, celle d’une république autoritaire et bourgeoise dans sa déclinaison plébiscitaire ou néolibérale, et toutes deux – toutes digues démocratiques abattues– les fossoyeuses de cette République Démocratique et Sociale rêvée par ces jeunes hommes, ces jeunes femmes assassinées par le régime criminel de Vichy.
L’interminable agonie autoritaire de la 5e république place ce qui reste de la gauche dans un moment de grande clarification. On peut regarder la situation actuelle d’un air désespéré, avec un sentiment d’urgence, sans espoir. Ou alors on peut se dire que « enfin, on y est ». Et que malgré toutes ses imperfections, mais né d’une réelle pression populaire au coeur même du corps démocratique de la société, le Nouveau Front Populaire ouvre le chemin vers de nouvelles perspectives qui vont bien au delà du seul scrutin des 30 juin et 7 juillet.
Vers la Démocratie Sociale
Des jours et des semaines qui viennent peut se lever une gauche nouvelle portée par un nouvel esprit de conquête militant, prête à esquisser les contours de cette nouvelle France qu’empêche de naître le consensus nationaliste, raciste, islamophobe, réactionnaire, néolibéral et sécuritaire.
Car la clé de ces législatives offre, pour une gauche ressourcée à sa base, la plus fantastique opportunité historique depuis des décennies: cesser enfin de regarder l’avenir avec les repères du passé. Et ainsi, par exemple, en créant les conditions politiques d’un barrage autours de son propre programme, liquider les séquelles du 21 avril 2002 et sortir définitivement du 21 avril permanent, celui qui a permis l’élection du plus réactionnaire et du plus autoritaire président de la 5e république, le plus dangereux pour les libertés publiques, Emmanuel Macron.
En marquant l’urgence du moment, dans une France où toute forme de débat est littéralement hystérisé, où les moindres positions critiques sont jetées en pâture par la petite clique des éditocrates réactionnaires sans culture, réduites à des caricatures quand on ne leur fait pas dire l’inverse de ce qu’elles disent, un pays sur le point de s’embarquer dans une aventure ultra-autoritaire, raciste et nationaliste, ces législatives vont nous placer, toutes et tous, face à un choix simple:
on laisse faire, ou on se dresse?
Ce choix, au delà des personnalités politiques et au delà de toutes les réserves qu’aucuns ne manqueront pas de faire ici et là, chaque électeur et chaque électrice l’aura entre ses mains.
Refuser Pétain!
Ce sera notre moment Pétain, en référence à ce moment où une majorité de députés et sénateurs ont choisi de se déshonorer en votant les pleins pouvoirs au crevard Pétain après que les élites, politiques et militaires, aient abdiqué toute résistance pour protéger leurs intérêts en une « étrange défaite », pour citer Marc Bloch.
« Jamais nous n’avons été aussi libres que sous l’occupation allemande », a écrit Jean-Paul Sartre pour qui la seule et unique liberté était celle qui donne son sens à la vie, à l’existence: la liberté de choisir. Oui, le 30 juin et le 7 juillet, nous seront infiniment libres, d’une vraie liberté, de celle qui engage. D’une liberté qui forge le commun et fonde le corps civique.
Quelle que soit l’issue de ces élections législatives, et nous avons tous à l’esprit qu’elle peut être tragique, ce sera une nouvelle ère qui s’ouvrira. Si la gauche parvient à former un bloc unitaire rivé aux principes de la République Démocratique et Sociale, si dans le moment que nous vivons elle ancre au coeur de son unité l’impératif d’un réel antiracisme et le refus intransigeant de toute forme de violence policière comme fondement même de la Démocratie Sociale qu’elle entend bâtir, si elle se refonde avec la conviction que le sursaut réside dans un puissant mouvement social et l’exercice collectif du pouvoir, alors, elle aura pris rendez-vous avec l’histoire en poussant au dehors les bavards de plateaux réactionnaires qui parlent en son nom.
Elle aura créé les bases d’une réelle clarification et d’une authentique résistance, non pas au lepénisme ou au macronisme, mais plus généralement aux fondements idéologiques et aux rapports de classes qui nous ont conduits où nous sommes, dans cette société fragmentée et brisée par la pauvreté et le déclassement.
Pour le Bloc Populaire
C’est l’unité autours des principes de la République Démocratique et Sociale qui garantira la pluralité des opinions et l’expressions des désaccords au delà du 7 juillet, que le Front Populaire l’emporte ou qu’il ne l’emporte pas.
S’il est un sens profond à donner à ce nouveau Front Populaire, c’est que le 30 juin et le 7 juillet, nous nous dresserons contre les pleins pouvoirs aux forces racistes, anti-démocratiques et anti-sociales coalisées et, que quelque soit l’issue de ces élections législatives, nous resterons unis en un puissant mouvement pour la victoire de la République Démocratique et Sociale.
LE 30 JUIN ET LE 07 JUILLET
VOTEZ
POUR LE CANDIDAT, POUR LA CANDIDATE
DU FRONT POPULAIRE.
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